Grégoire Mialet, co-fondateur de la start-up C-Ways s’est rendu au salon VivaTech et nous livre ses premières impressions …


« S’il avait existé en 2010, le salon VivaTech aurait sans doute été le théâtre d’une présentation en grande pompe du nouvel iPhone, de télévisions 3D, de jeux vidéos immersifs ou de tablettes dernière génération ; il aurait sans doute vanté la sortie du Kindle, de la GoPro ou parié sur la démocratisation des drones personnels.

Mais huit ans après, dans cette course à l’innovation, le salon français a choisi de se différencier de son grand cousin de Las Vegas en présentant une Tech pragmatique et responsable au détriment d’une Tech rupturiste et consumériste.

En parcourant les allées du salon, en testant et questionnant les initiatives proposées autant par les mastodontes européens et mondiaux que les start-ups qu’ils parrainent, le signe d’un changement de vision s’opère : exit l’innovation fondée sur « la création d’un nouveau besoin » pour les consommateurs, il s’agit désormais d’inventer pour faire mieux, plus vite, plus simple. Autrement dit, simplifier les process industriels, optimiser les ressources, raccourcir les circuits, personnaliser les messages. Non pas faire vivre au client final quelque chose de complètement nouveau, mais quelque chose de plus agréable.

Certes, plusieurs robots Nao vous accueillent à l’entrée et de nombreux casques de réalité virtuelle garnissent encore les stands mais force est de constater qu’ils n’étaient pas les stars de la fête : VivaTech a fait le choix de laisser le hardware et software de côté pour laisser la part belle aux algorithmes, aux plateformes Saas, au Cloud et aux applications interconnectées.

Impossible donc de croiser Apple et Samsung sur le salon, seuls quelques industriels européens ont été invités pour mettre au jour leur virage important sur l’intelligence artificielle : Airbus est sans doute le plus frappant autour d’une technologie aérospatiale de pointe, Valeo et Bosch n’ont pas boudé leur plaisir pour montrer combien les données vont révolutionner la mobilité, en présentant leurs technologies embarquées dans les véhicules autonomes.

Mais l’autre succès de ce salon, c’est bien la cohabitation des grands groupes et des start-ups : sur les mêmes stands, les deux vantaient les mêmes bénéfices, s’appuyaient sur les données et les technologies de l’autre pour montrer des « uses cases » plus réalistes et plus efficaces. Peut-être moins éblouissants mais l’innovation française a donc fait le choix de vouloir taper moins fort mais de vouloir aller plus loin.

Définitivement, la création de ce salon marque un pas décisif pour la promotion de l’innovation française, ce qu’Emmanuel Macron n’a pas manqué de rappeler dans sa keynote d’ouverture. Avec plus de 100 000 visiteurs, le salon VivaTech a battu son record d’affluence, en enregistrant la venue des principaux leaders de la Tech mondiale. Il s’est imposé comme un événement mondial de référence de l’innovation et le symbole d’une Tech française pragmatique, audacieuse et ouverte sur le Monde.

La première étape est sans doute franchie : celle d’arriver à faire émerger des idées créatrices de valeur et de leur donner la visibilité qu’elles méritent. Mais pour transformer l’essai, gouvernement et grandes entreprises ont un autre challenge à relever : déployer les leviers pour faire de ces start-ups des leaders mondiaux. Et pour cela, il faudra viser encore plus loin. »

Grégoire Mialet, associé C-Ways