Les prix d’une Renault Clio ont augmenté trois fois plus vite que les revenus des Français

Selon une enquête, le niveau de vie moyen des Français est passé de 100 à 108 sur l’indice entre 2006 et 2020, tandis que le prix des voitures neuves est passé de 100 à 136. En 2010, il fallait 14,7 mois pour acheter une voiture neuve moyenne, contre 17 mois de salaire minimum.

Et si les Français arrêtaient d’acheter des voitures neuves ? Nous n’en sommes pas là. Pas encore. Mais on se rapproche. En conséquence, les ménages achètent de moins en moins de voitures neuves. Selon une étude de C-Ways, ils n’ont que 3% pour acheter un modèle 0km en 2021, contre… 5% il y a quinze ans. Comment s’explique cette insatisfaction ? « Le niveau de vie moyen des Français est passé de seulement 100 à 108 entre 2006 et 2020, tandis que le prix des voitures neuves est passé de 100 à 136 », explique le consultant.

36% des acheteurs hésitent avec un modèle d’occasion

Résultat de cette augmentation spectaculaire : le rapport entre le nombre de voitures d’occasion et de voitures neuves vendues aux particuliers cette année en France a atteint un « record de 8,4 ». 36% des acheteurs sont indécis entre un modèle d’occasion et un modèle neuf. En 2019, cependant, seuls 19% hésitaient. Conséquence, le parc tricolore vieillit, passant d’une moyenne d’âge de 9 ans il y a dix ans à 10,3 ans aujourd’hui. Et, lorsqu’ils achètent une voiture neuve, « 7,5% des Français optent pour des véhicules à bas coûts comme les Dacia, contre 0,5% il y a quinze ans !

Malgré l’engouement de Dacia avec des prix bas, le prix moyen d’un modèle de voiture neuve en France est passé de l’équivalent de 11 300 euros en 1970 à plus de 19 300 en 2000, selon une autre enquête publiée dans la revue spécialisée Argus en juillet 2021. Et le prix actuel est d’environ 27 000 euros – quelle que soit l’augmentation économique due au manque de véhicules disponibles. Bien sûr, les salaires ont également changé. Toujours d’après cette enquête, il fallait en moyenne plus de 38 mois de salaire minimum pour acheter une voiture neuve en 1950, 17 mois en 1970, seulement 16,4 mois en 1980, 15 en 1990, 14,8 en 2000 et 14,7 en 2010. Mais la spirale s’est fortement inversée récemment. Et aujourd’hui, acheter une voiture neuve demande plus de 17 mois de SMIC, plus que dans les années 70 !

50% de coûts additionnels pour une électrique

Les voitures sont devenues très chères principalement à cause des normes de sécurité et surtout d’anti-pollution, mais également à cause des équipements très riches (airbags, direction assistée, climatisation, GPS, vitres électriques, etc.), équipementiers et constructeurs souvent suréquipés leurs véhicules et créer de nouvelles demandes pour pouvoir les vendre à un prix plus élevé et améliorer leurs marges bénéficiaires. Et ce n’est pas tout. L’inflation tarifaire va fortement augmenter sous la pression de l’électrification obligatoire imposée par Bruxelles. Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a déclaré : « Ce qui a été décidé, c’est d’imposer à l’industrie automobile une électrification qui ajoute 50% de coûts additionnels à un véhicule conventionnel. Ces modèles seront « beaucoup plus chers qu’un véhicule à moteur 1,0 d’il y a dix ans. C’est plusieurs milliers d’euros supplémentaires en coût de revient », indique Gilles Le Borgne, directeur de l’innovation chez Renault. Or, « le pouvoir d’achat des gens ne va pas grimper », a déclaré Luca De Meo, directeur général du fabricant de diamants.

Cela aura un impact sérieux sur le marché des véhicules neufs. Il n’y aura pas de redémarrage. Et l’attentisme face à ces changements de règles et à l’évolution de la réglementation régissant la circulation des véhicules sur le territoire français ne suffit pas à expliquer la contre-performance. Le marché en 2021 devrait se situer entre 1,65 million et 1,7 million d’unités, ce qui est comparable au niveau de l’an dernier, caractérisé par un confinement de la population (confinements stricts). Ainsi, pour la deuxième année consécutive, elle revient aux valeurs de 1975 des R5, Peugeot 304 ou autres Citroën GS d’époque.

Source : Article du site Challenges.fr