DES DOUTES QUI SE PROPAGENT
Avec un virus dont on ne connaît pas vraiment l’origine, dont on ignore le fonctionnement, qui résiste aux traitements et recèle un nombre considérable d’inconnus, le complotisme et le « mensongisme » ont trouvé un terreau propre à une croissance fulgurante. D’une année sur l’autre, entre le 17 mars et 11 mai 2020, Nextrends enregistre une évolution spectaculaire de l’intérêt pour ces thèmes sur le Web. +85% pour le complotisme, +82% pour le mensonge, +51% pour l’autoritarisme, +22% pour les violences.
UNE DÉFIANCE ENVERS LE GOUVERNEMENT QUI PERDURE
À l’opposé, la confiance pâtit de d’intérêt, le gouvernement français étant le premier à en subir les conséquences. En un mois, les insatisfaits passent de 46% à 58%, quant à la gestion de la crise de la pandémie.
Et seulement 28% des Français ne se sentent pas en colère par rapport à la situation de la France (1).
Une autre étude montre des Français insatisfaits un peu moins nombreux, mais surtout plus vindicatifs que dans la plupart des pays occidentaux. Seuls les USA et le Japon enregistrent un pourcentage plus élevé. Ailleurs quelle que soit la gravité de la pandémie, les mesures de confinement prises avec plus ou moins de retard, les citoyens affichent leur confiance dans leur gouvernement respectif.
On peut légitimement penser que la crise des gilets jaunes et l’épisode mouvementé de la réforme des retraites ne pouvaient laisser espérer de meilleurs résultats. Il n’empêche que le constat est sans appel et promet des lendemains qui déchanteront encore plus pour le gouvernement, à la différence des élus locaux qui ont souvent su, aux yeux de leurs administrés, faire meilleure figure face à la situation
De par leur proximité et leur réactivité encore plus tangibles en cette période de crise, ces derniers continuent d’être perçus comme des politiques à part, voire ceux qui incarnent le mieux le service public, le service pour le public, une forme efficace et réussie de localisme.
UNE ENVIE DE S’ENGAGER ET D’ÉCHANGER
Cette défiance saura-t-elle contaminer toutes les strates de la société ?
Les recherches Nextrends montrent le contraire. Une volonté collective semble avoir vu le jour pour changer durablement la société. Celle-ci est d’abord synonyme de solidarité (+184%), d’entraide (+83%), de partage (+62%) et de respect (+50%). Les Français expriment leur envie de s’engager.
Échanger est une évidence (+53%), changer le monde leur semble possible (+41%), faire du bénévolat un objectif (+30%) tout comme soutenir la démocratie (+26%). Tout est bon pour témoigner de cet engagement, en images et en mots : +368% groupes WhatsApp, +39% signatures de pétition, +73% groupes Facebook. Des espaces pour s’informer, échanger, débattre et même s’insurger, au point de contribuer au renforcement de mouvements contestataires de toutes sortes.
Pour autant, certains sujets qui fâchent sont momentanément mis de côté. On parle moins de réformes (-46%), d’insécurité (-47%) ou d’immigration (-28%).
LOCALEMENT NÔTRE
Cette volonté collective avait déjà été mise en évidence par C-Ways, à l’occasion du Prospective Day (3). Dans Made in Local, l’un des quatre scénarios présentés, les Français affichaient un véritable tropisme pour les écosystèmes locaux qui les verraient se fournir auprès de producteurs, de fermiers, de maraîchers proches de chez eux. Nextrends confirme cette tendance locale en très forte hausse : +113% pour la livraison de produits locaux, +331% pour le choix d’un producteur local. En une semaine, l’origine du produit dans le choix des consommateurs est passée du 7ème au 4ème rang (4). Les Français ont parfaitement conscience que cet engagement peut avoir un coût, 74% étant prêts à payer plus cher pour consommer local après la crise (5).
Il en résultera plus globalement une défiance vis-à-vis des marques, à l’instar de celle pour les gouvernements et les élus. Les oukases consuméristes, les injonctions à consommer, les dogmes intangibles seront quelque peu mis en sourdine. Bienvenue à la montée en puissance des consommateurs activistes et des communautés de consommateurs dont les points de vue et les exigences ne pourront plus être ignorés, au risque de disparaître rapidement.
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INDICATEURS NEXTRENDS : Évolution des mentions recueillies sur le web entre le 17 mars et le 11 mai 2020 par rapport à la même période en 2019 (Source : C-Ways)
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POUR ALLER PLUS LOIN
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TRENDSHAKER, l’étude des tendances de consommation par C-Ways
C-Ways, le cabinet de conseil en marketing d’anticipation vous présente TRENDSHAKER l’étude des tendances de consommation, qui met en lumière 5 tendances clés de l’après Covid.
(1) Ipsos / Avril 2020
(2) Kantar / Ipsos
(3) Journée prospective organisée par Cetelem et la branche prospective de BNP Personal Finance
(4) Kantar
(5) Ipsos
Crédits photos : Canva