LE TÉLÉTRAVAIL CRÈVE LES ÉCRANS
L’un des impacts majeurs du confinement a sans nul doute porté sur le travail, son organisation, sa nature même. Avec comme corollaire, le généralisation du télétravail dans de nombreux secteurs, utilisé jusqu’alors comme une variable sociale d’ajustement dans les négociations avec les salariés, voire un moyen d’alléger les charges immobilières en accueillant ces mêmes salariés dans des espaces sous-dimensionnés, rapportés aux effectifs globaux. Certes, il a été souvent réservé aux cadres ou aux fonctions « office ». Il n’en demeure pas moins que la façon d’échanger et de collaborer s’en est trouvée considérablement modifiée. Entre le 17 mars et le 11 mai comparativement à 2019, Nextrends enregistre une évolution de l’intérêt pour le télétravail de +294%.
Concomitamment, l’usage de la visioconférence explose, comme le confirme une augmentation de l’intérêt pour ces outils de +526%, au point de voir Zoom prendre le leadership sur ce marché. Les préconisations gouvernementales du déconfinement offrent une perspective supplémentaire de voir cette façon de travailler s’installer durablement. Et les Français sont partants pour que les choses perdurent. 1 sur 2 pense que le télétravail continuera. 44% et 41% veulent que les outils de travail à distance soient utilisés toujours en interne et en externe (1).
DU CHANGEMENT DANS LES MOUVEMENTS
Le confinement a eu des conséquences sur la mobilité. Avant le Covid, les périodes d’arrivée ou de départ au travail coïncidaient avec des engorgements, surtout dans les grandes métropoles. Ainsi, sur Paris entre 8h et 9h, sur les axes principaux, le taux d’occupation des trains était respectivement de 200% entre 8h et 9h et de 150% entre 17h et 18h30 (2).
Avec le déconfinement, qui s’accompagne d’une distanciation sociale maintenue, finies les heures de pointe, avec un objectif lissé de 70% de capacité maximale dans les transports urbains parisiens, les plus denses et les plus fréquentés d’Europe.
Selon les prévisions C-Ways, 50% des passagers pourront se déplacer comme avant, mais 20% devront moduler significativement leurs horaires de travail et 30% devront passer au télétravail ou choisir un autre moyen de transport, tant que les recommandations de distanciation sociale seront effectives.
Une situation qui pourrait se prolonger plusieurs mois. Le développement rapide de nouvelles pistes cyclables ainsi que la croissance des ventes de vélos indiquent que ces changements sont anticipés par de nombreux urbains. Et 39% des Français estiment de façon positive que la souplesse des horaires de travail soit maintenue après la crise (1).
LA CONSOMMATION CHEZ SOI À PORTÉE DE CLIC
Un travail avec des horaires et des outils différents, et donc une consommation qui s’aligne sur ce nouveau paradigme. À l’échelle mondiale, le e-commerce a su séduire +40% de nouveaux acheteurs uniques durant cette période. Pour les seules personnes âgées de plus de 65 ans, 68% sont de nouveaux convertis à l’achat numérique. Plus concrètement, le on-line et le click & collect ont été perçus comme de nouveaux facilitateurs de consommation. 10% de nouveaux utilisateurs se sont tournés vers ces services (3). Les sites proposant le click & collect ont connu une croissance de leur chiffre d’affaires significativement plus forte que ceux qui ne le proposaient pas (respectivement +27% vs +13%).
Autre phénomène capté par Nextrends pendant le confinement, l’intérêt pour la livraison de courses à domicile avec un bon de 1 206%, multiplié par 13 selon Nextrends (!) et celui pour le drive de 342%. Si l’on considère tous les types de livraison, l’intérêt grandit de +161% sur la même période comprise entre le 17 mars et le 11 mai.
Si l’on associe le changement d’organisation du travail à celui de consommer, c’est la notion même de trafic qui se voit chambouler. Avec un consommateur omnicanal, plus libre de choisir et d’organiser son temps consumériste, on peut envisager à moyen terme la suppression des « peak hours » et une consommation plus apaisée.