Après plus de quarante-cinq jours de mouvement social, l’UNSA-RATP, première force syndicale de la société de transports en commun parisiens, a acté un arrêt illimité des débrayages à partir du 20 janvier pour s’orienter vers « d’autres formes d’action ». Les perturbations d’une ampleur et d’une durée inédite ont bouleversé les habitudes de mobilité des franciliens sur leurs trajets courtes distances.  

Après avoir épuisé leurs possibilités de télétravail, les usagers des métros et des trains ont été les premiers concernés. Pendant la grève seules les lignes automatiques 1 et 14 et les tramways de la RATP ont fonctionné normalement. Le trafic sur les autres lignes était très perturbé voire inexistant. Durant le dernier week-end de l’Avent, seul la moitié des trains de la SNCF fonctionnaient.

Le premier réflexe de nombreux usagers des transports en commun a été de se reporter vers la voiture, créant ainsi une saturation du réseau routier en Ile-de-France. Le lundi 9 décembre à 8h53, le site d’information routière Sytadin enregistrait plus de 653 km de bouchons sur le réseau francilien, presque deux fois plus qu’en temps normal.

Les usagers se sont alors repliés sur des solutions de mobilités « alternatives » : VTC, covoiturage, trottinette et surtout déplacement à pied et bicyclette. Les plateformes de VTC ont majoré leurs courses, multipliant parfois les tarifs par deux ou trois. D’après Uber et consœurs, cette majoration a permis d’une part d’inciter les chauffeurs à travailler dans des conditions compliquées, d’autre part de réguler la demande de course par le prix…

Les VTC grands gagnants de cette grève.

Les VTC grands gagnants de cette grève.

Concernant le covoiturage, la région Ile-de-France a mis en place un service de covoiturage gratuit pour les usagers réguliers détenteurs de l’abonnement Navigo. Avec le renfort de huit plateformes de covoiturage partenaires, la région a financièrement encouragé les conducteurs à prendre des passagers durant les coupures de services.

Lime, l’opérateur de trottinettes électriques, a lui affiché des chiffres records d’utilisation ces dernières semaines. 53 000 utilisateurs chaque jour en moyenne pendant la première semaine de grève, soit une augmentation de 75 % par rapport aux semaines « normales » précédentes.

Le marché du vélo a lui aussi profité des évènements. LeBonCoin assure par exemple que la publication d’annonces de ventes de vélos a bondi de 14% dès la première semaine de grève. Les recherches de bicyclettes sur le site ont elles aussi augmenté de 5%. Quant au prix moyen proposé, il a gagné 15%. La direction de la voirie et des déplacements de la ville de Paris estime que le nombre de vélos circulant aux heures de pointe a doublé lors de la première semaine de grève. Sur cette même période, il y avait plus de deux fois plus de vélos que de voitures sur le boulevard Voltaire à Paris.

Ce report subit et massif vers la petite reine a de quoi satisfaire les pouvoirs publics et les défenseurs de l’environnement qui souhaitent favoriser son essor. Des plans vélos au niveau national ainsi que dans certaines grandes métropoles françaises, dont Paris, ont déjà contribué à rendre les déplacements en bicyclette non seulement plus rapides, mais également plus sûrs. Une enquête du bureau de recherche 6t, montre que dans les grandes villes européennes les vélos avancent en moyenne à 20 km/h contre 18 pour les automobiles.

Mais lequel de ces modes alternatifs a converti le plus d’usagers pendant la grève ?

Pour répondre à cette question, nous nous sommes appuyés sur le détecteur de tendances digitales Nextrends développé par C-Ways. Cet outil mesure l’évolution de l’intensité (volumétrie) des recherches internet (réseau sociaux, forums, sites web…) et donc de l’appétence franciliens pour différents univers produits : le VTC, les trottinettes, le covoiturage et le vélo.

Pour le covoiturage et les VTC, le début de la grève a coïncidé avec une explosion des recherches. En ce qui concerne le vélo, les perturbations ont inversé la tendance des recherches internet qui étaient négatives avant la grève, en raison de conditions météorologiques peu propices. Malgré une régulation plus contraignante de leur usage, la grève a relancé l’intérêt pour la trottinette.

Univers Trottinettes

Nextrends permet également de mesurer l’intérêt relatif des internautes pour les différents univers. Sur l’année 2019, le vélo a été 5,5 fois plus recherché que le covoiturage qui est lui-même 2,5 fois plus populaire que la trottinette.

Y aura-t-il un effet cliquet ? Il est intéressant de s’interroger sur la persistance de ces comportements une fois la situation sociale normalisée. Vont-ils s’installer de manière pérenne chez certains usagers néo-convertis, changer leurs habitudes de façon quotidienne ou occasionnelle ?

Les VTC semblent trop chers pour s’imposer durablement pour les trajets quotidiens. On peut également douter de la poursuite du développement des trottinettes dans les villes, leur développement sera limité par la courte portée de ce moyen de transport.

Univers VTC - janvier 2020

Les covoiturages pour les trajets quotidiens pourraient en revanche avoir franchi un cap. La grève a permis à de nombreux usagers de rencontrer des automobilistes empruntant aux mêmes horaires la même route pour se rendre sur le leur lieu de travail. Ces derniers ont intérêt à continuer de voyager ensemble.

Univers du Covoiturage - janvier 2020

Le cas du vélo enfin est plus complexe. La bicyclette est un mode de transport sain, souvent agréable, écologique et rapide en ville. Son coût est également très inférieur à celui du métro sur le long terme. Mais, il peut être incommode avec de lourdes charges er sur les longues distances, et parfois dangereux suivant les routes et le trafic rencontrés.

Si les efforts des pouvoirs publics existent pour améliorer la sécurité des cyclistes, les distances sont immuables. On peut donc supposer que le vélo s’imposera chez les usagers situés à moins de trente minutes de leur lieu de travail, les autres retourneront sans doute vers les transports en commun ou les voitures. Le vélo convient donc à une grande majorité des trajets, puisque 74% des déplacements en Ile-de-France font moins de 5 km d’après l’Enquête Globale Transports 2018 (EGT H2020-Île-de-France Mobilités-OMNIL-DRIEA/ Résultats partiels 2018).

Univers du Vélo - janvier 2020

Rendez-vous dans trois mois pour de nouvelles données Nextrends et des réponses précises à ces questions de mobilité courte distance.

 

Hanae Maatella & Jad Beyhum pour C-Ways

 


Nextrends est un outil de détection de tendances, fondé sur les data sciences et centré sur le client. Une technologie innovante développée grâce à l’intelligence artificielle qui identifie en temps réel les tendances émergentes.

Pour plus d’informations, contactez-nous : eva.lekic@nextrends.fr


Chiffres Nextrends 2020, périmètre France.